
Mon coup de cœur du mois de mai est l’artiste coréenne Zadie Xa, vivant et travaillant à Londres. C’est lors de son exposition « Rough hands weave a knife » à la galerie Thaddaeus Ropac de Paris que j’ai eu l’occasion de la découvrir.
Lorsque nous traversons les portes de la galerie, nous entrons dans un véritable monde onirique, un univers bercé par la mythologie asiatique et peuplé de diverses créatures toutes plus mignonnes les unes que les autres.
Zadie Xa s’inspire de son héritage coréen et de sa riche tradition mythologique, ainsi que de l’histoire de l’art et de l’artisanat, de la fiction spéculative, de la culture pop, de la musique et de la mode, pour créer sa propre mythologie personnelle.



À travers des paysages expansifs qui s’étendent sur des peintures monumentales, et dans certains cas, des polyptyques (une de ces peintures se trouve sur une sorte de paravent, meuble venant d’Asie de l’est), Xa combine des souvenirs du nord-ouest du Pacifique (Canada), où elle a grandi, des paysages coréens étudiés à travers la photographie et la peinture historique, et des éléments fictifs en des topographies composites qui rappellent la construction de mondes oniriques réalisée par des artistes de science-fiction et de fantastique.
Xa cite Odilon Redon et Gustave Moreau, peintres du mouvement symboliste parisien de la fin du XIXe siècle, comme inspirations pour son nouveau groupe de peintures présenté dans cette exposition. La palette de couleurs est variée et les nuances s’harmonisent très bien entre elles.

À l’entrée de l’exposition se trouve une sculpture composée de créatures entrelacées, toutes tournées dans différentes directions de sorte que, quel que soit l’angle sous lequel elle est observée, elle regarde toujours le spectateur. L’une des créatures représentées est un haetae : un animal mythologique coréen souvent placé à l’entrée des bâtiments civiques pour protéger, juger et refuser l’entrée aux méchants. Plutôt pratique, non ?
Le textile est également une partie intégrante de l’exposition « Rough hands weave a knife », émergeant à la fois à travers les cadres en patchwork multicolores qui entourent certaines des peintures et à travers des œuvres autonomes faites de morceaux irréguliers de lin et de denim. En eux, Xa puise dans le langage visuel de l’abstraction géométrique moderniste européenne et américaine ainsi que dans la tradition du patchwork bojagi coréen. En réunissant ces sources de référence, Xa comble le fossé entre les pratiques considérées comme « art » et celles considérées comme « artisanat », défiant la relation hiérarchique établie entre elles.



Chaque peinture est liée aux autres par des résonances visuelles inattendues ou des répétitions, tandis que plusieurs des personnages voyagent entre les peintures et même à travers les médiums, se glissant et disparaissant au fil des déplacements du visiteur dans l’exposition pour donner une impression de temps non linéaire et de multiples univers parallèles mais connectés.





Les renards, corbeaux et mouettes qui tissent et se déplacent dans l’exposition sont tirés de la réalité urbaine de l’artiste, tandis que d’autres personnages – des figures encapuchonnées avec des têtes d’oiseaux ou des queues plumeuses – sont des hybrides imaginés. Pour Xa, les animaux portent un pouvoir allégorique abondant, tout comme dans le folklore et la mythologie coréennes, qui offrent également à l’artiste un riche réservoir de créatures et de personnages pour peupler ses peintures.





Mon impression :
De la nature, des animaux, des mondes oniriques, il n’est pas surprenant que les œuvres de cette exposition m’aient conquise. Ce sont des thèmes que j’affectionne particulièrement. J’aime l’effet parfois vaporeux et brumeux des paysages et des animaux dont le pelage ou le plumage flotte gracieusement dans l’air. Ces peintures sont teintées de mystère de par leurs atmosphères et leurs personnages encapuchonnées quelque peu énigmatiques.
On se sent vraiment transporté, le temps d’un instant, vers un ailleurs fantastique empreint de magie. Les animaux et personnages hybrides sont mignons et inspirent une certaine amitié.






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